par Laurent Jacob (22/12/2014)
Souvent objet de confusion et de querelles de clochers au sein même du corps médical, les termes allergies et intolérances font en fait partie d’une entité plus vaste :
– Ainsi, allergie et intolérance alimentaire sont des réactions d’hypersensibilité à un aliment ou un des composants de l’aliment normalement inoffensif.
– En théorie, tous les aliments sont susceptibles de provoquer des réactions d’hypersensibilité. Dans les pays industrialisés, les aliments les plus fréquemment associés aux allergies sont les œufs, le lait de vache, les arachides, le soja, les noix, les poissons et crustacés.
– Les allergies impliquent toujours à la différence des intolérances une réaction du système immunitaire (système de défense) avec production d’anticorps (les menottes) dans le but de neutraliser "l’envahisseur".
– Les allergies se différencient des troubles liés à des causes toxiques (champignons vénéneux par exemple) ou encore infectieuses (toxine bactérienne dans un aliment mal conservé). Voir tableau d’aide à la recherche des causes.
– On distingue 2 types d’allergies selon que les manifestations sont immédiates (dans les minutes ou les premières heures) ou bien retardées (plusieurs heures ou jours après).
– Les allergies dites de type I ou immédiate, dites "IgE médiées" (dans les minutes ou les premières heures) avec des symptômes parfois gravissimes comme dans les chocs anaphylactiques. Elles entrainent la production d’IgE (anticorps ou immunoglobulines E) par le système immunitaire en tant que "première ligne" de défense laquelle comprend également d’autres anticorps IgA.
– Les allergies de type III dites retardées, "non IgE médiées" avec la production d’IgG (anticorps ou immunoglobulines G) par le système immunitaire en tant que "seconde ligne" de défense. Par définition, les symptômes se produisent à distance de l’absorption avec l’aliment ce qui peut compliquer leur identification.
– N’impliquent jamais dans un premier temps de réactions du système immunitaire.
– Sont le fait d’une difficulté à "traiter" l’aliment en cause. Soit du fait d’une absence totale individuelle de l’enzyme nécessaire (exemple la lactase pour dégrader le lactose), soit d’une insuffisance de production de l’enzyme. Dans ce cas, l’aliment pourra être toléré en petites quantités (intérêt de l’éviction complète durant quelques semaines puis de réintroduction progressive afin de déterminer le seuil individuel de tolérance).
– Les intolérances peuvent varier chez une même personne au cours du temps en fonction de l’équilibre de sa flore intestinale et donc de la perméabilité de sa membrane intestinale. Ainsi le problème est plus la réponse à l’aliment que l’aliment lui-même.
Deux grandes catégories :
Les manifestations sont extrèmement variables :
La réaction peut se manifester localement par des troubles digestifs tels maux de ventre, diarrhées, gaz ou bien au travers d’autres organes tels :
Remarque : Bien que les intolérances n’activent pas directement le système immunitaire, l’irritation répétée de la membrane intestinale (la douane) va en altérer sa perméabilité (sa capacité de filtration) ce qui va aboutir au passage d’aliments mal digérés (le brigand). Ce phénomène va déclencher la production d’anticorps (les menottes) et de complexes antigènes-anticorps (le brigand et les menottes !) favorisant les problèmes inflammatoires et les maladies auto-immunes.
Références :
– Food Allergy. Olivier CE (2013) Food Allergy. J Aller Ther S3:004. doi : 10.4172/2155-6121.S3-004.
– Allergies alimentaires : État des lieux et propositions d’orientations. Carine DUBUISSON, Sébastien LA VIEILLE, Ambroise MARTIN
AFSSA.
– Review article : food hypersensitivity and irritable bowel syndrome. Aliment Pharmacol Ther 2001 ; 15 : 439±449. S. ZAR, D. KUMAR & M. J. BENSON. Department of General Surgery, St George’s Hospital Medical School, London, UK